JOE NEILL
"Le monde extérieur existe aussi"
7 novembre > 6 décembre 2003
Le Monde extérieur existe aussi...
Petite pancarte accrochée à l'entrée de l'atelier de Joe Neill qu'on ne peut manquer de lire, elle le retient sur terre : le monde extérieur existe aussi... Ne pas oublier les oeufs ? Yves Tanguy vivait la peinture comme un enfermement. Parfois entre le crayon et la main il y a une telle symbiose qu'on ne sait d'où sort le dessin. Il transcende la pensée pour se révéler ex-nihilo. On retrouve la démarche surréaliste illustrée par l'écriture automatique que prônait tant André Breton et ses amis.
Le monde extérieur n'existe plus. On tourne en rond sans en sortir, autour de quoi, on se le demande bien... d'ailleurs y-a-t-il un centre ? Dans les dessins de Joe Neill, on trouve toujours un centre, un point de genèse autour duquel tourne la main.
Le monde extérieur n'existe plus, qu'il pleuve ou qu'il vente peu nous chaut, peut-être qu'un ouragan pourrait nous rendre au monde... La création est-elle de ce monde ? Les mots de l'Illiade ne sont-ils pas dictés par une muse, une force extérieure qu'Homère aveugle manifeste au monde.
Le monde extérieur existe aussi. Chaque jour en pénétrant dans son atelier, Joe Neill rencontre ce petit pensum. Il sort du labyrinthe de ses pensées. Univers me voilà. Il suffit de le penser pour qu'il renaisse.
Des tours monumentales aux dessins intimes, Joe Neill passe d'une représentation purement personnelle de l'univers à des constructions qui illustrent des visions extérieures d'un point de vue plastique. Il vogue d'une construction à l'autre toujours fasciné par la création. Il est arrivé à un moment de son existence où l'extérieur a tendance à s'estomper devant l'ineffable beauté d'un regard qui s'approprie le tout pour en révéler des parcelles.
Joe Neill est enfermé, il ne pense plus le monde, il l'intériorise. L'être le mobilise tout entier. L'extérieur est au-delà de la bulle architecturale de sa plastique.
Joe Neill a toujours été éblouie par les structures des ouvrages géométriques. Le lit et ses montants métalliques, les ponts, les tours, les barrages, les monuments de l'Amérique. Sur la mémoire des tours règne Babel.
Qu'y-a-il de plus inutile que les cathédrales ? A Paris les tours gothiques de Notre-Dame tentent encore de surmonter la ville. Notre imaginaire est empli de l'image grimaçante des gargouilles et des lignes classiques du Louvre. Joe Neill est né à Pittsburg dans une architecture dominée par les structures métalliques qui furent les chefs d'oeuvres de l'industrie du début du siècle. C'est inspiré par cet univers que Joe Neill construit ses premières structures, échelles se déroulant à terre, autobus puis attiré par les étoiles il explore Einstein et illustre la théorie de la relativité. Toujours il demeure dans une problématique géométrique.
De l'infiniment grand à l'infiniment petit, quelle différence ? Les cellules de notre corps ne renvoient-elles pas aux systèmes planétaires ? Tout tourne
Et l'humain ? Enigmatique Démiurge de tous les instants il se cache dans les dessins aux cascades de couleurs, paysages de l'âme magnifiés par les cathédrales de l'espace dentelles évanescentes aux courbes infinies.Lélia Mordoch
Octobre 2003
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