Kevin Yu
Né en 1956 à Taiwan.
Diplômé de l’Académie Nationale d’Arts de Taiwan.
Vit et travaille à Paris depuis 1981.
ENSBA de Paris de 1982 à 1985.
Huile sur toile 65 x 82 cm 1992
Kevin Yu ou l'Univers fantasmatique de deux Mondes
Né en 1956 à Taïwan, Kevin Yu débarque à Paris sans savoir un mot de français, il parle chinois et sait un peu d'anglais. Ce monde, notre monde, il le découvre par l'image, son lieu de prédilection devient le Louvre où il s'imprègne de tous les classiques qu'il ne connaissait jusqu'alors que par des reproductions plus ou moins bonnes et quelques trop rares expositions.
Il reste très isolé dans un monde où seule existe la peinture où il distille année après année les émotions qui le traverse. Le contraste qu'il vit au quotidien entre l'extrême Orient et la France, il s'efforce de l'intégrer dans son univers pictural, reflet de ses conflits internes dans des toiles abstraites par une juxtaposition des surfaces et des matières où un univers se redéfinit. Des couches successives, sédimentations tumultueuses, recouvrent la toile dans le mouvement ample d'une gestuelle maîtrisée par une géométrie aussi rigoureuse que celle de Mondrian où les espaces se superposent comme dans les toiles de Cézanne dont il reconnaît explicitement l'influence.Kevin Yu ponctue ses toiles de carrés blanc ou rouge. A partir d'une peinture du vide, il cherche le point de rupture, de création, d'origine; une connexion entre la peinture traditionnelle chinoise et le modernisme de l'abstraction occidentale... du fond de ses noirs profonds surgit un ciel d'idées à la découpe aussi subtile que les montagnes de Guilin dans le contre jour d'un soleil levant.
Le monde pictural de Kevin Yu a toujours été gouverné par un signe primordial qui en déplace le centre, d'abord silhouette, puis maison. Dans ses oeuvres récentes les références à la mère et au temps se multiplient comme si dans ses toiles le rêve d'une réconciliation entre l'ici et l'ailleurs, le passé et le présent devenait enfin réalité. Kevin Yu perçoit son oeuvre picturale comme un journal intime, non narratif. Il ouvre une perspective nouvelle à l'esprit de géométrie dans le lyrisme retenu de ses toiles.
Lélia Mordoch Décembre 1998