Poèmes graphiques, les oeuvres de Dominique Lomré sont l'horizon de poésies aux contours incertains dont il faudrait inventer les mots. Dans ses livres, le mot et l'image sont liés, l'un sur l'autre, l'un dans l'autre, ils se mêlent sur les pages pour s'écrire l'un et l'autre. D'une évanescente fantomatique, ses corps sont autant d'apparitions miraculeuses d'une sensualité en demi-teinte, terre de Sienne et brous de noix se délavent sur des papiers qui se déroulent en tentures envoûtantes.
De la figuration expressionniste, quasi caricaturale de ses divas à l'abstraction lyrique d'une peinture des mots et de l'abstraction à la figuration, Dominique Lomré poursuit une oeuvre qui s'enrichit de jour en jour au soleil de la campagne romaine. Nous sommes à Rome dans le doux éclat des blés coupés, nous n'entendons que les battements d'ailes des pigeons et le bruit du temps qui passe coupé par le chant du coq ou les aboiements des chiens. Des grottes étrusques montent les cris d'amour des porcs-épics.
Les corps, jambes, pieds, torses n'ont pas de visage. Tout est dans l'expression figée de leur mouvement, toujours unique. Le geste est portrait, à lui seul il engendre une personnalité, il suffit à faire naître le désir. Il est l'estampe du moment fugitif d'un regard.
Dominique Lomré est le peintre de l'être dans l'instant et du devenir des mots dans leur voyage du chaos vers le néant.
Lélia Mordoch
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