Galerie Lélia Mordoch

50 rue Mazarine 75006 Paris

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Cette exposition à eu lieu du 7 Juin > 13 juillet 2002

 

"TRANSPARENCES"


ARMAN, Robert BLANC, CESAR, Gérard DELAFOSSE,
Jacques DOUCET, Emanuel FILLOT, GARCIA ROSSI,
Patrice GIRARD, GOMEZ MANRESA, Gérard GUYOMARD,
James GUITET, Loïc HERVE, Marie-Rose LORTET, Sergheï MANOLIU,
François MORELLET, Joe NEILL, Laura NILLNI, Julio LE PARC,
Michel PAYSANT, Jean-Marie POMEY, Carlos POVEDA, Monique ROZANES,
SOBRINO, Joël STEIN, VASARELY, YVARAL...

 

 Gérard DELAFOSSE
"Entre"
141 cm x 76 cm
03.05.02
Acrylique / Papier / Verre / Vernis/ Bois
Patrice GIRARD
"Transparence"
2002
77,5 x 111,5 cm
 Marie Rose LORTET
"Architecture de fil rigidifiée"
30 x 38 x 20 cm

 

Qu'est-ce que la transparence ? Une clarté absolue que transperce le regard. Un regard qui peut aller au-delà de l'objet, peinture, sculpture dessin. Au travers de la transparence, il peut y avoir l'amnésie, opacité totale qui ne laisse place qu'à l'oubli où l'on retrouve "l'insoutenable légèreté de l'être " dont Kundera fit un roman et dont Gérard DELAFOSSE fait des tableaux tandis que les sculptures d'ARMAN rendent visibles les rouages du temps arrêtés aux bords de l'éternité.

L'oeuvre s'interpose entre le spectateur et son environnement comme une loupe où se focalisent ses fantasmes, invite au bonheur et au néant, à l'infini plié entre deux papiers calques de François MORELLET, aux nuages miroirs de Patrice GIRARD d'où les puzzles s'évadent de leur cadre pour flotter dans le ciel comme Pimprenelle et Nicolas dominés par le marchant de sable dont le soleil du sommeil se dissout en pincées d'un sable d'or fin. Pour Patrice Girard, la transparence c'est l'évanescence, la dissolution, la mort... Ce sont les plaques radiographiques de Loïc HERVE prises entre deux blocs de marbre.

Au-delà des inclusions superposées de Monique ROZANES se figent des paysages éclatés et tel le passe muraille de Marcel Aymée nous pouvons sinon traverser les murs, du moins faire fondre du regard ses stèles qui se transforment en prismes tout comme les disques Arc-en-ciel de SOBRINO émergent de Plexiglas teintés. Les oeuvres couleur-lumière de GARCIA ROSSI jouent du prisme chromatique comme de masques poupées-gigognes pour redonner au blanc par simple contraste l'éclat du néon. Une couche en appelant une autre, Joël STEIN oblitère les cibles comme pour aller au-delà du but. Voir au travers, deviner l'être là sans s'arrêter à l'existant. Devenir transparent signifie à la fois disparaître et apparaître au regard des autres. Etymologiquement transparent provient du latin "trans " et du vocable "parens " qui signifie "près ", ce qui est transparent, c'est aussi ce qui est trop près pour qu'on le voie comme deux êtres peuvent se croiser tous les jours sans jamais ou sans jamais plus se regarder. Ce sont aussi ces objets de tous les jours que DOUCET depuis longtemps déjà incluaient dans des résines aux gouttes évanescentes. De douces courbes blanches mènent aux arbres monochromes de Carlos POVEDA et à ses paysages domestiques de résines polychromes.

Mais la transparence mène aussi à la transcendance, miroir du monde ou du néant fenêtre sans barreau ouverte sur la vérité, la pureté, l'absolue clarté qui aveugle par sa fulgurance, révélation et limpidité comme sur les bâches superposées de Sergheï MANOLIU où le dollar s'effeuille par couche successive. " Glasnost " comme disent les Russes.

Absence totale d'oblitération à laquelle succède "l'Optivisio" d'YVARAL, série de loupes à structures parallèles qui créent mouvements par déplacements du spectateur. N'oublions pas les champs d'étoiles qui éclatent en trous noirs des toiles de Julio LE PARC qui s'est toujours battu pour la transparence au propre comme au figuré, poèmes cosmiques qui renvoient aux cités imaginaires de Joe NEILL, véritable architecte de l'espace.

Et c'est la musique comme dans les filigranes palimpsestes de Laura NILLNI dont les partitions marouflées sur bois et enchâssées de couleurs vives tentent d'exorciser des lendemains qui peut-être ne chanteront pas. La transparence mène parfois au cinétisme, à moins que ce ne soit l'inverse

L'oeuvre est notre miroir, notre miroir magique où se reflètent les flammes de la caverne de Platon "la nuit est l'horizon des étoiles" disait Leibnitz, c'est ainsi que le trait dessine sur le vide les contours de l'infini, comme l'écrit James GUITET, dont il faut deviner les motifs tons sur tons, "rien n'est imposé outre le climat émanant de l'ensemble" et les bâtons lumineux de Robert BLANC vénèrent la grande déesse tout en retrouvant les thèmes du banquet et de l'âge d'or.

Dans la transparence il s'agit de retrouver l'innocence ambiguë de l'enfance, où le pouce de géant de CESAR m'évoque Alice au pays des Merveilles et où les cathédrales de dentelles de Marie-Rose LORTET brodent l'univers de la Belle au Bois dormant. La barbe à Papa s'envole dans un nuage de sucre rose. Nous sommes dans la coïncidence de l'être au monde dont parlait Rimbaud, dans un lieu se mêlent verre, Plexiglas, toiles, dessins, calques et pierres, où l'on se promène des marbres translucides de Jean-Marie POMEY aux boîtes de Plexiglas de VASARELY, en passant par les silhouettes de plastique cousues sur les châssis de GOMEZ MANRESA. Figé dans le silence d'où naîtra la musique, on peut s'écouter chanter, s'envoler sans jamais craindre la pesanteur comme sur les toiles de Gérard GUYOMARD où l'on danse le rock en apesanteur, se laisser aller dans le noir de l'éclipse sans jamais avoir peur de la chute. C'est la liberté absolue où tous peuvent se retrouver pour se promener sur le Chemin des Brumes blanches d'Emmanuel FILLOT tout en rejoignant la longissima via de Michel PAYSANT qui grave l'histoire en relief sur des verres sablés.

Lélia Mordoch Mai 2002
François MORELLET
77137 "Pliage en diagonale d'une médiane
sur un calque 1 x 2"
1977, calque et encre
68 x 136 cm avant pliage, noir sur blanc
Joe NEILL
Entropy 2002
 Jean-Marie POMEY
"Grande transparence" 1998
marbre de Thassos
77 x 84 x 4 cm
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