Il est toujours très périlleux de flirter avec une iconographie traditionnelle. En élisant pour thème de son exposition les signes du zodiaque japonais, Imamura choisit de renouveler cette imagerie traditionnelle. Il inscrit chaque signe dans un tondo, forme classique de la peinture occidentale qui rejoint le médaillon et les portes rondes de l’Orient qui symbolisent la roue de la destinée.

Imamura illustre avec humour les douze signes du zodiaque qui marquent les années, des animaux totem censés influencer nos vies et nos caractères, inscrire notre histoire dans les étoiles. Tout en gardant la verve de sa précédente série des « piments rouges », Imamura, avec la maîtrise d’un Foujita, en usant des ors traditionnels de la peinture japonaise retrouve la grâce des calligraphies des grands maîtres.

Les douze animaux de la destinée ont un pied dans l’éternité et l’autre dans le quotidien. Le serpent a le charme de sa femme, Marie. Le chien est le portrait de Kasuke qui se couche tous les jours à son chevet. Les sangliers se frottent avec allégresse dans la fange de l’existence. Le temps est un serpent que dévore le dragon en se mordant la queue et le lapin agile saute d’époque en époque en annulant les ans du feu de ses yeux rouges. Le mouton fonce de ses sabots légers droit vers le but immaculé de ses rêves souvent inassouvis avec élégance sur les chemins de la passion. Le singe enroule sa queue autour des lianes de la vie et vole de branches en branches sans se soucier des écueils. Les chevaux coursiers ailés des batailles ont pour horizon l’or des tempêtes cosmiques. Les rats voraces s’égaillent sur la terre dans l’appétit de leur curiosité toujours en éveil. Le bœuf tranquille attire les ondes de ses cornes dressées vers le ciel et le tigre félin passe entre les roseaux des pensées mouvantes tout en guettant sa proie, cependant que le coq s’égare dans le tourbillon rouge de son cri triomphant de la nuit.

Imamura illustre l’an nouveau pour ses amis depuis longtemps. Lorsqu’on lui a demandé de décorer le nouvel hôpital d’Ise, sa ville natale, il a choisi d’incarner les douze signes du zodiaque. C’est ainsi que le peintre reflète l’univers pour relier l’homme au ciel et dessine son devenir à l’ombre des étoiles.

Lélia Mordoch