Carolina Sardi est sculpteur. Argentine, elle vit à Miami depuis 1995 et ses premières œuvres relatent l’exil, lorsque le monde se réduit à quelques valises dans lesquelles on n’a pas bien su quoi mettre de sa vie antérieure. Le nid, pour Carolina, c’est une maison près de Buenos Aires, en pleine campagne, où son grand-père est apiculteur. Une maison pleine de pièces où les enfants s’égayent pour jouer à cache-cache… Une maison dont le miroir est la ruche. Les abeilles, ces êtres bourdonnants noirs, jaunes et industrieux, qui construisent des rayons de miel dans une géométrie « naturelle », fascinent Carolina. L’alvéole devient symbole de l’infini et de l’origine. Carolina creuse ses plaques de métal qui deviennent une succession de signes d’où se détachent des éléments, ensuite polis et cirés, où la matière prend une dimension organique. Un jeu de découpes en plein et vide révèle une écriture proche de l’abstraction gestuelle, abstraction sculptée d’une main ferme à la scie à métaux par une jeune femme qui s’attaque à la matière comme elle s’attaque à la vie, en épousant les vagues qui l’emportent toujours plus loin sur les rives de la création. Carolina Sardi s’éloigne de la structure primordiale du nid pour créer des installations dont la liberté évoque un land art lié à des éléments naturels et mouvants comme la pluie ou l’envol d’un essaim et dont le contrepoint culmine dans son travail sur les constellations. Elle s’aventure jusqu’aux confins de l’univers où les trous noirs absorbent inexorablement les nébuleuses de l’avenir. L’espace est la dimension essentielle de l’œuvre de Carolina Sardi. Comme le fer, elle le plie à sa volonté pour qu’il exprime sa vision du monde. La répétition mathématique et sérielle qui caractérise son œuvre l’amène aujourd’hui à se pencher sur les étoiles pour recréer l’univers sur les murs de son atelier. De la terre au ciel et des étoiles aux abeilles, Carolina, continue son exploration du microcosme au macrocosme en des installations toujours plus poétiques. Lélia Mordoch |