Michel Potage

exposition du 9 mars > 14 avril 2007

 

L’atelier

L’atelier est la scène du peintre, acteur à seize ans, metteur en scène de Witkiewicz et d’Artaud à vingt, musicien à ses heures, Michel Potage conçoit la toile comme un théâtre.

Fenêtre décor sur l’horizon, ouverte et fermée sur le noir du néant, la toile est la scène où dans l’espace plane l’objet châssis qui sous-tend l’être et le monde. Cadrer, dépister les manques, recadrer le réel, travailler un espace vide pour changer de perspective. Il faut peindre à l’extérieur de la toile. “J’aime que les choses flottent dans l’espace” dit-il songeant déjà à son prochain tableau.

Une bonne odeur de térébenthine flotte dans l’atelier de Michel Potage. Un vrai peintre, de la vraie peinture. On retrouve avec délice les reliefs des huiles qui supplantent l’acrylique de tout leur éclat. Les périodes sombres et les périodes colorées alternent chez Michel avec les séries noires. Au gré de l’humeur du peintre, de ses délires et de sa vie.

Lorsque Michel arrive dans son atelier, les tableaux sont face au mur. L’atelier doit être vierge de toute pensée. Les objets trouvent alors un éclat théâtral. La multiplicité des plans est renforcée par la densité des pâtes. Les extrêmes s’entrechoquent, la toile déborde le néant. “Rain from paradise”.

Quasi-schizophréniques, les séries succèdent aux séries et se répondent dans une correspondance autobiographique où l’autoportrait se projette dans les paysages, les natures mortes et éclatent dans les “fleurs de guerres” et les “wars” pour culminer dans les palettes, clin d’œil aux années cinquante dans la modernité de ce nouveau millénaire.

Peinture, peinture… ou la vision très personnelle d’un artiste que son époque met à nu, une sensibilité d’écorché vif où l’actualité culmine dans la permanence d’un art qui se veut, traditionnellement, mise en scène picturale.

Lélia Mordoch

  

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